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21 avril 2020

 

Les fleurs du cerisier sont déjà en fuite, tourbillon blanc. Leurs pétales se dispersent, on ne sait pas où ils vont, où ils se poseront, effleureront-ils une joue d’enfant dans un jardin ou sombreront-ils dans la boue pour être piétinés ? Le sort des pétales est incertain, mes pensées sont en chute libre, je n’ai pas envie que les fleurs s’en aillent, même si derrière elles de minuscules fruits commencent déjà à poindre une rondeur amie. Le sort des pétales est à la merci d’un coup de vent comme ce vent qui nous bouscule en ce moment, comme ces vies dispersées, certaines perdues – on l’apprend par un mail, par un appel, par un texte – et l’immensité de notre impuissance nous saisit, nous prend à la gorge, quelle nouvelle nous attendra demain, que ce passe-t-il en cet instant précis, que ne sait-on pas encore ?

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Pas envie de consulter les messages ni de répondre au téléphone, parce que, parce que.

Ce temps si lourd, aujourd’hui, en résonance avec une tristesse désemparée, un instant allégée par une voix amie, puis se réinstallant avec la grisaille du soir.

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Mais quelque chose me dit que c’est là qu’il faut être le plus vigilant : ne pas laisser s'enraciner ce chagrin secret qui s’amplifie de jour en jour et ruine les nuits, ne pas lui offrir un terrain fertile pour pousser ses ronces et ses épines, et toujours se dire que quelque chose de beau demeure, demeurera, et grandira comme les fruits annoncés par le départ des fleurs.

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