25 juin 2020
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Dos
Juste là, à la base, au niveau de l’enflure qui invite une main à son envol. Juste là, les quelques vertèbres sur lesquelles pèse la vie.
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Squelette, muscles, graisse, chair. Et ce n’est pas tout. Le plus lourd, le plus lourd, c’est tout le reste –
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Les jours, les années, la poisse, la fortune, la dèche, les gosses (embryonnaires ou adultes, aucune différence), la sarabande du sexe, les rires éteints, les fins de non-recevoir, l’impatience de l’impossible, l’attente du vain, la négociation de l’instant, la tentation du néant, les envies fécondes et infécondes, les incendies visibles et invisibles, les mots inespérés, les pages amputées, les larmes et les sarcasmes –
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Oui, tout le reste y reste, s’y installe, prend ses racines et ses aises, et tout doucement pèse, pèse, pèse
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parce que ce n’est que le début et qu’on n’en a pas fini de dire
plein le dos, plein le dos
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The straw that breaks the camel’s back
Une paille parfois suffit à vous rompre le dos.
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