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Les feuilles sont frappées de jaunisse.
L'or de l'automne? Loin, déjà.
Froid, gris, un monde en apnée.
Qui sommes-nous? Que sommes-nous?
Où es-tu? Comment me renaîtras-tu?
Dis-le moi, toi l'homme de mes jours, de mes heures.
Renais-moi.
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Rien ne pourra se mesurer au tranchant de nos sens
qui caressent nos veines de leur joyeuse menace
lorsque nos lèvres s’ouvrent
soleils vivants
à l’accueil de l’impossible lumière
Tu es mon impossible lumière
Suivre avec toi l’impossible lumière
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Ni soumise ni insoumise,
je viendrai libre et nue
vêtue de mon orgueil
de mes blessures
de ma déchirure
je saignerai sur ta bouche
tu boiras de mon sang
enfanté dans le sang
je refuse tout ordre toute exorde
je serai telle
grande plus grande
Impossédée
Offerte seulement
à la brûlure de ma peau
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Oui, dis-moi que je meure
que tu meures
que nous puissions nous affranchir
de nos rets
d'une vie
qui n'est que fumée que poussière
dis-moi que nous pouvons, que je peux,
que tu veux, dis-moi qu'il nous faut
être
vivre
baiser
mourir
en un seul souffle
et je serai
je vivrai
je baiserai
je mourrai
en un seul souffle
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Quand viendra le temps des épousailles
tu sauras que je t'ai gardé pour la plus belle bouche
la plus belle mort
la plus belle pierre
il aura suffi d'un pont en suspens
entre nos deux corps
d'une sépulture offerte
dans la paume du volcan
d'un horizon de cendres
et tout était dit
Tout était déjà fait
Je suis là
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Je repense:
à la petite fille tôt éveillée
aux appels de son corps
à l'adolescente
tentant de s'esquisser
une poitrine absente
et découvrant le plaisir solitaire
exquis et à la fois,
à son regard de jeune fille bien,
honteux
celle qui s'offrirait sans s'offrir
aux jeunes hommes
de passage
à la jeune adulte au sourire absolu
à la suite d'une conquête
celle qui se voyait papillon
jusqu'à ce qu'elle soit prise
dans un filet d'acier
qui ne lui offrirait aucune liberté
jusqu'à ce qu'elle consente à la prendre
bien qu'il soit trop tard
bien trop tard pour elle